Economie

Budget de guerre de 323 milliards : le gouvernement passe à l’offensive

Sous la présidence de Fritz Alphonse Jean, coordonnateur du Conseil présidentiel de transition (CPT), le Conseil des ministres a adopté, ce lundi 14 avril 2025, un budget rectificatif d’un montant de 323,4 milliards de gourdes. Qualifié de « budget de guerre », ce plan financier exceptionnel traduit la volonté du gouvernement de faire face à une triple urgence : sécuritaire, économique et institutionnelle.

Dans un contexte marqué par l’expansion des groupes armés, une situation économique fragile et une population en détresse, les autorités affirment leur détermination à reprendre le contrôle et à restaurer l’autorité de l’État. Le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) souligne, dans un communiqué, que la priorité immédiate est le rétablissement de l’ordre et de la sécurité sur tout le territoire.

Les chiffres confirment cette orientation : la Police nationale d’Haïti (PNH) bénéficie désormais d’un budget de 32,935 milliards de gourdes, en hausse de près de 10 %, tandis que les Forces armées d’Haïti (FAd’H) reçoivent 8,376 milliards de gourdes, soit une augmentation de 20 %. En tout, 41,3 milliards de gourdes sont consacrés à la sécurité, une allocation sans précédent en réponse à l’escalade de la violence.

Ce budget repose également sur cinq axes jugés essentiels à la reconstruction de l’État. Il s’agit de la restauration de l’ordre public, de la relance économique à travers l’investissement, de l’organisation de la conférence nationale et de la réforme constitutionnelle, du rétablissement de l’État de droit, et enfin de la préparation des élections générales prévues pour février 2026. Chacune de ces priorités vise à poser les fondations d’une gouvernance stable et démocratique.


Sur le plan fiscal, le gouvernement entend stimuler la croissance en révisant certaines taxes, en offrant des incitations aux entreprises locales et en ajustant les seuils d’attribution des marchés publics afin d’accélérer les projets d’investissement. Il s’agit aussi de créer un environnement plus propice à la production nationale.

Le rééquilibrage budgétaire touche également les secteurs sociaux. L’éducation reçoit 4,6 milliards de gourdes supplémentaires, soit une augmentation de 10,9 %. Les affaires sociales bénéficient d’une hausse équivalente. Le ministère souligne que ces efforts sont un signal fort en faveur des populations les plus vulnérables. La justice progresse de 6,2 %, tout comme la santé publique, la résilience communautaire et l’aménagement de la bande frontalière, un chantier stratégique pour mieux gérer les flux migratoires et affirmer la souveraineté du pays.

Le gouvernement prévoit également la création du Conseil national de sécurité et de défense (CNSD) ainsi que de l’Agence nationale de sécurité (ANS), deux nouvelles structures qui viendront structurer la réponse étatique à l’insécurité et renforcer la coordination entre les forces.

Concernant le processus électoral, l’État a déjà sécurisé 60 millions de dollars auprès du Basket Fund pour l’organisation des élections générales de 2026. Des démarches sont en cours auprès des bailleurs pour mobiliser des fonds supplémentaires. Toutefois, le succès de l’exécution budgétaire dépendra largement de la performance des régies fiscales et douanières, ainsi que de l’obtention d’une aide extérieure estimée à 75 milliards de gourdes.

Enfin, l’éducation est au cœur des ambitions gouvernementales. Le budget prévoit des subventions aux familles, des repas scolaires, la distribution de nouveaux manuels en créole, la formation de 10 000 enseignants et l’introduction de matières innovantes. Autant de mesures que le gouvernement considère comme fondamentales pour « briser le cycle de la violence et de l’ignorance » et reconstruire l’avenir d’Haïti sur des bases solides.

Haiti Aujourd'hui

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